Économie circulaire et futur énergétique

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Une économie réellement verte ne peut reposer uniquement sur les énergies renouvelables : il lui faut, par essence, être circulaire.


Depuis une dizaine d’années, la transition énergétique est véritablement en marche, avec compte déjà quelques beaux succès à son actif. Le prix des formes d’énergies renouvelables les plus courantes, par exemple, est passé pour la première fois en dessous de celui des combustibles fossiles polluants.

Nombreux sont les pays qui mettent les bouchées doubles pour assurer leurs besoins en électricité par le biais de l’énergie solaire, éolienne ou hydraulique – citons, entre autres, le Royaume-Uni, avec 42% atteints en 2020. En parallèle, les batteries de véhicules électriques et autres panneaux solaires se font de plus en plus abordables, grâce notamment aux efforts continus de développement et de commercialisation de nouvelles technologies vertueuses.  Autant de progrès de très bon augure pour les années à venir… mais une économie « verte », à proprement parler, ne saurait reposer que sur les énergies renouvelables : il lui faut impérativement être circulaire.

Car en effet, si les sources d’énergies renouvelables sont potentiellement infinies, les infrastructures nécessaires pour les convertir en énergie exploitable dépendent encore, pour beaucoup, de ressources limitées et polluantes. Par exemple, d’ici 2050, jusqu’à 78 millions de tonnes de panneaux solaires seront en fin de vie, entraînant un besoin conséquent en termes de solutions de recyclage adaptées. Idem pour les véhicules électriques et leurs batteries. Quant au remplacement de près de 2 milliards de véhicules à moteur à combustion dans les décennies à venir, il s’accompagnera inévitablement d’une augmentation drastique des activités minières dans le monde. Comment, alors, préserver l’environnement – ainsi que les droits des communautés locales ? 

Les énergies renouvelables, c’est certain, forment la clé de voûte de l’économie circulaire ; mais notre futur énergétique dépend également de notre capacité à repenser le concept même de croissance, et de progressivement dissocier activité économique et consommation de ressources épuisables. 

Les 4 piliers d'une économie circulaire :

1. Zéro déchets. Tout modèle d’économie circulaire s’attache à réduire l’écart entre la production et les cycles des écosystèmes naturels – ce qui revient, en un mot, à éliminer les déchets. Une partie de la solution consiste, bien évidemment, à mieux composter les déchets biodégradables ; mais il y a également un besoin croissant de repenser notre manière de gérer les déchets non biodégradables. C’est ce à quoi tend la plateforme GAYA, mise en place par ENGIE dans le sud-est de la France, en contribuant à transformer des déchets non recyclables (comme le carton usagé ou le plastique) en gaz renouvelable.

2. Durabilité et réutilisation. faire disparaître les déchets du système passe aussi par la fabrication, en amont, de produits plus durables, conçus pour être améliorés ou réparés. Prenons l’exemple des véhicules électriques : la durée de vie moyenne des batteries lithium-ion (d’une capacité supérieure à 20%) actuellement en circulation est d’environ 10 ans. D’ici 2030, les déchets de batteries lithium-ion provenant de véhicules électriques pourraient ainsi représenter près de 11 millions de tonnes. Pourtant, il est possible d'intégrer ces batteries à une économie circulaire, de deux façons :
  • Des entreprises spécialisées sont d’ores et déjà en mesure de récupérer certains métaux comme le cobalt, le manganèse et le lithium à partir de cellules, et de les réutiliser pour fabriquer de nouvelles batteries.
  • Autre option : les batteries peuvent être réutilisées sans être démontées, dans l’optique d’alimenter des appareils électriques moins énergivores. Le but ultime de ce recyclage et réemploi à grande échelle étant d’inclure les futures batteries dans une logique de circularité, et ce dès leur conception. 

3. Énergies renouvelables. Alors que de nombreux pays occidentaux sont en passe de satisfaire l’intégralité de leur demande en électricité grâce aux énergies propres, à l’échelle mondiale, les renouvelables ne représentent qu’environ 11% de la consommation d’énergie primaire. Pour respecter les objectifs climatiques, il est donc impératif d’augmenter rapidement l’utilisation d’énergies renouvelables à travers le monde au cours des 10 prochaines années. Toutefois, même si les technologies renouvelables restent évidemment préférables aux combustibles fossiles, l’industrie des énergies vertes doit s’attacher à optimiser le pendant « régénération » de sa stratégie, si elle veut éviter un retour de bâton dans les décennies à venir. Et c’est d’autant plus vrai que les pays les plus touchés par les déchets électroniques – liés aux énergies renouvelables ainsi qu’aux conditions non éthiques d’extraction – sont ceux qui bénéficient actuellement le moins de la transition énergétique. 

4. Des business models circulaires. Avant toute chose, pour que la durabilité mondiale devienne une réalité, il nous faut repenser la croissance comme un concept ne se limitant plus à l’économie pure, mais incluant aussi le capital naturel et social. Ainsi, le modèle commercial principal de demain ne dépendra plus de ressources limitées ou d’une consommation sans fin ; il devra plutôt capitaliser sur la maximisation du bien commun. Certaines entreprises ont déjà commencé à s’éloigner du modèle « prendre-fabriquer-jeter » pour proposer, à l’inverse, une logique de « produits comme services » (PaaS, ou products-as-a-service) dont le coût comprend réparations, améliorations et solutions de service après-vente.