changement climatique et peinture innovante

Colored separation bar

Et si la lutte contre le changement climatique tenait à une couche de peinture (très) blanche ? Des chercheurs américains de l’université Purdue ont mis au point la peinture « la plus blanche au monde » qui permet de maintenir une température fraîche à l’intérieur des bâtiments et de réduire les besoins en climatisation.


La réfrigération passive par rayonnement (« radiative sky cooling ») est un phénomène naturel qui désigne la manière dont les forêts et les déserts libèrent, de nuit, la chaleur emmagasinée pendant la journée pour l’envoyer vers les confins froids de l’espace par le biais de radiations thermiques infrarouges.

Pour lutter contre le réchauffement climatique, certains se sont penchés sur la réplication de ce processus zéro carbone comme une alternative écologique aux procédés de refroidissement industriels, polluants.

C’est ce constat qui a poussé des chercheurs de l'université Purdue aux États-Unis à plancher sur la peinture « la plus blanche au monde » qui reflète jusqu'à 98,1% de la lumière du soleil et renvoie la chaleur infrarouge dans l'espace. Cette peinture pourrait aider à maintenir la fraîcheur à l’intérieur des bâtiments et à réduire les besoins en climatisation – ce qui représenterait une économie d'énergie considérable et en ferait également une nouvelle arme contre le réchauffement climatique.

Comme l’explique Xiulin Ruan, professeur d’ingénierie mécanique à Purdue, « Si l’on utilisait cette peinture pour couvrir une surface de toit d’environ 100 mètres carrés, nous estimons que la capacité de refroidissement obtenue serait équivalente à 10 kilowatts. Soit plus que les climatiseurs centraux installés dans la plupart des habitations ».

Quelques détails sur cette peinture ultra-blanche :

  • Elle doit sa blancheur à une concentration élevée en sulfate de baryum, un composé chimique également utilisé pour fabriquer des cosmétiques et du papier photographique. Contrairement au dioxyde de titane conventionnel, le sulfate de baryum n'absorbe pas la lumière UV.
  • L'équipe a également joué sur la taille des particules du composé chimique, dans le but de diffuser une plus grande partie du spectre lumineux provenant du soleil. Résultat : une amélioration de la capacité de réflexion de la peinture.
  • Lors de tests en extérieur, l'équipe a constaté que la peinture permettait de garder des surfaces près de 4,5 °C en-dessous de la température ambiante en milieu de journée, même par fort ensoleillement – et jusqu’à 10,5 °C plus froid la nuit.
  • Les chercheurs travaillent aujourd’hui avec une entreprise pour produire et vendre cette peinture sous deux ans, selon des processus et un prix comparables à de la peinture classique. Si la résistance de la peinture à l'abrasion a d’ores et déjà fait l’objet de tests, il est en revanche encore nécessaire d’évaluer sa durabilité sur le long terme.

Selon l'université Purdue, cette peinture surpasse les solutions dites “Cool Roof” actuellement disponibles dans le commerce, grâce à l’utilisation d’un matériau spécial qui lui permet de renvoyer la chaleur émise dans le ciel et de réduire la chaleur du soleil par rayonnement. Cette peinture contre tout simplement l'effet de serre : chaque mètre carré permet de faire passer l’équivalent de 100 mètres carrés d'effet de réchauffement climatique sous l’objectif des 1,5 °C. D'autres paramètres doivent être évalués pour valider l'utilité de cette peinture, telle que sa robustesse dans des conditions difficiles, sa durabilité ou encore la rareté et les coûts des matériaux. Mais le produit est prometteur et devrait permettre le développement de nouveaux dispositifs.